Chapitre 25
Besaba était grande et svelte, un physique typiquement sidhe. Mais ses épaisses boucles brunes nouées en une coiffure élaborée laissaient ses traits fins bien trop dénudés à mon goût. Elle avait hérité des cheveux de sa mère, ainsi que de ses yeux noisette, particulièrement humains. Ce n’était que ces derniers mois que j’avais compris l’une des raisons pour lesquelles elle me détestait tant. Tout aussi petite et en courbes que je sois, on n’aurait pas pu me prendre pour une humaine avec mes cheveux, mes yeux et ma peau. Alors qu’elle…
Vêtue d’une robe safran entièrement ornée de broderies dorées, destinée à faire plaisir au grand amateur de coloris embrasés qu’était Taranis, elle se trouvait dans l’une des tentes qu’ils avaient montées devant le sithin. Elle semblait seule, mais je ne m’y fiais pas. Les alliés de mon oncle n’auraient jamais fait confiance à Besaba pour qu’elle parlemente sans tuteurs aptes à la « guider ».
J’étais dans la salle de Sholto officiellement réservée à ce type d’appel, ce qui signifiait qu’elle était richement décorée, avec un trône en guise de siège. Ce n’était pas « le » Trône de la Cour des Sluaghs façonné dans de l’os et dans du bois antique. Celui-ci était tout en or et pourpre, dégoté probablement dans quelque cour humaine il y avait de cela très, très longtemps. Il n’en remplissait pas moins sa fonction, c’est-à-dire faire impression, quoique pas autant que les hommes qui m’entouraient ou les Volants de la Nuit agglutinés qui se tortillaient, accrochés au mur derrière nous, véritable tapisserie vivante issue de quelque cauchemar qu’on préférerait s’empresser d’oublier.
Sholto y avait pris place, comme cela convenait à un Roi. Je m’étais assise sur ses genoux, ce qui manquait un peu de dignité, mais nous avions pensé que cela transmettrait que je passais du bon temps. Il est évident que quand votre interlocuteur ne veut rien comprendre, rien que l’on puisse faire ne lui fera apercevoir la vérité. Ma mère avait toujours excellé à ne voir que ce qu’elle voulait.
Doyle se tenait à côté du trône, Mistral à l’opposé. Si les Volants de la Nuit n’avaient pas été derrière nous, nous aurions tous eu l’air sidhe. Mais nous voulions que celui, quel qu’il soit, qui se trouvait avec ma mère, hors de vue, comprenne contre qui ils devraient se battre s’ils persistaient ; ce qu’ils devaient piger par-dessus tout.
J’étais confortablement installée sur les genoux de Sholto, qui m’enlaçait la taille, la main posée très familièrement sur ma cuisse, une familiarité qu’il ne méritait pas encore de me montrer, en fait. Des trois hommes à mes côtés, c’était celui avec lequel j’avais le moins couché. Mais nous étions dans une mise en scène, et l’un des points importants de ce petit spectacle consistait à faire la démonstration que j’étais leur amante. Dans ce but, une main posée aussi nonchalamment sur la cuisse était explicite.
— Je n’ai pas besoin qu’on vienne à mon secours, Mère, comme vous le savez fort bien.
— Comment oses-tu dire cela ? Tu es Sidhe Seelie, et ils t’ont enlevée à ton peuple.
— Ils n’ont rien pris de précieux aux Seelies. Si vous voulez parler du Calice, alors tous ceux pouvant m’entendre savent qu’il se présente là où le souhaite la Déesse, et par Sa volonté, c’est à moi qu’il s’est présenté.
— C’est un signe de faveurs suprêmes chez les Seelies, Meredith. Tu dois rentrer à la maison et nous ramener le Calice, et tu deviendras Reine.
— La Reine de Taranis, c’est ce que vous voulez dire ?
— Bien sûr ! répondit-elle avec un sourire radieux.
— Il m’a violée, Mère.
Doyle s’était imperceptiblement rapproché de moi, alors qu’il se trouvait déjà très près. Toujours sur les genoux de Sholto, je lui tendis la main sans même y réfléchir, et il la saisit.
— Comment oses-tu tenir pareils propos ? Tu portes ses jumeaux.
— Ils ne sont pas ses enfants. Je me trouve en ce moment même avec leurs pères.
Bien que Mistral fit un pas en avant, il ne tenta pas de me prendre la main, vu que je n’en avais plus une seule de disponible, une retenue par Doyle et l’autre posée sur le bras de Sholto. Il se contenta donc de se rapprocher, contribuant à sa façon à soutenir ma démonstration.
— Des mensonges ! Des mensonges d’Unseelies !
— Je ne suis pas encore leur Reine, Mère, mais celle des Sluaghs.
Elle arrangea ses manches raides richement brodées, avant de bougonner à mon intention :
— Encore des mensonges !
En cet instant, comme j’aurais souhaité pouvoir invoquer les couronnes de la Féerie, mais une telle magie allait et venait comme bon lui semblait. Quoique, franchement, le tableau que Sholto et moi formions pouvait la rendre encore plus convaincue que nous étions Seelies avec nos couronnes verdoyantes et fleuries.
— Appelez ça comme vous voudrez, mais je suis heureuse de ceux avec qui je suis actuellement. Pouvez-vous en dire autant ?
— J’aime ma Cour et mon Roi ! rétorqua-t-elle, et je n’avais aucun doute sur sa sincérité.
— Alors même que certains de cette Cour ont conspiré pour tuer votre mère, ma grand-mère, il y a quelques jours à peine ?
Son visage s’assombrit quelques instants, puis elle se redressa bien droite histoire de me toiser.
— Ce n’était pas Cair qui a tué ma mère. On m’a dit que c’est l’un de tes gardes qui lui a infligé ce coup mortel.
— Pour me sauver la vie, en effet.
Elle eut l’air choqué et, à mon avis, ce n’était pas feint.
— Notre mère ne t’aurait jamais fait de mal. Elle t’aimait !
— C’est vrai, tout comme je l’aimais. Mais sous l’effet du sortilège que Cair a invoqué, elle s’est retournée contre moi, ainsi que contre mes gens. C’était un maléfice, Mère, et le fait qu’elle ait manipulé sa propre grand-mère en l’envoûtant ainsi rend son action bien plus exécrable encore.
— Tu mens !
— J’ai mené la Meute Sauvage en représailles. Si cela n’avait pas été la stricte vérité, elle n’aurait jamais répondu à mon appel, ou lorsqu’elle serait arrivée, ses chiens m’auraient dépecée. Ce qu’ils n’ont pas fait. Ils m’ont en revanche aidée à remonter la piste jusqu’à Cair. Ils m’ont aidée à la mettre à mort, et à sauver les pères de mes enfants, qui étaient la cible d’une nouvelle offensive.
Elle le démentit de la tête, bien qu’elle semblât un peu moins sûre d’elle. Un peu moins, certes, mais je ne la connaissais que trop bien. Elle retrouverait son aplomb, comme toujours. Elle se rendrait compte qu’elle se trompait, brièvement, voire aussi du degré de malveillance de ses alliés, avant de faire disparaître illico presto cette intuition fugace et de renfiler vite fait son ignorance tel un manteau trop souvent porté.
Je me penchai sur les genoux de Sholto, ma main cherchant la sienne pour m’y agripper avant d’étreindre plus fort celle de Doyle. Puis je m’inclinai vers le miroir au mur et m’exprimai de manière volubile, essayant d’utiliser cette microfissure qui commençait à lézarder l’inconscience tenace de ma mère.
— Mère, la Meute Sauvage ne répond pas aux ordres des menteurs ni des traîtres. Taranis m’a violée, mais trop tard. Je vais avoir des jumeaux et la Déesse m’a révélé qui en étaient les pères.
— Tu as deux bébés, mais trois hommes. Qui restera sur la touche ?
Elle battait en retraite devant les vérités les plus dures pour se concentrer sur de menus détails. Pas une question sur le viol, ni sur les traîtres qu’avec l’aide de la Meute Sauvage j’étais parvenue à éliminer, mais quant à l’arithmétique des pères et des bébés…
— L’histoire des Sidhes foisonne de déesses ayant eu un enfant de plus d’un homme, Mère. Clothra, entre autres, est la plus fréquemment citée. Apparemment, je vais avoir besoin de plusieurs rois, et non d’un seul.
— Tu es envoûtée, Meredith. Tout le monde sait que le Roi des Sluaghs excelle en glamour.
Elle était revenue à ses certitudes. Je me demandais parfois pourquoi je m’évertuais autant à essayer de la convaincre. Oh, c’est vrai qu’elle était ma mère ! Je suppose qu’on ne renonce jamais vraiment avec la famille. Après tout, peut-être pensait-elle la même chose de nous ?
— La Féerie a fait de nous un couple, Mère.
Je déboutonnai ma manchette bien ajustée pour rouler ma manche aussi haut que mon manteau me le permît, c’est-à-dire de pas grand-chose. Celle de Sholto étant plus ample, son tatouage de roses et d’épines était bien visible, malgré tout, je parvins à suffisamment exhiber le mien pour lui prouver que les deux faisaient la paire.
— Tu peux te faire faire ça chez n’importe quel tatoueur humain, me dit-elle avec un hochement de tête dubitatif.
J’éclatai alors de rire, n’ayant pu m’en empêcher. Elle eut l’air surpris.
— Il n’y a pas de quoi rire, Meredith.
— Non, Mère, c’est vrai, dis-je, le visage radieux d’amusement. Mais je préfère en rire plutôt que de me mettre à vous hurler dessus, ce qui, selon moi, ne serait pas d’une grande utilité.
Je rabaissai ma manche et refermai le bouton en os au poignet, imitée par Sholto. Puis je me levai, me retrouvant hors du champ du miroir, le temps d’aller chercher quelque chose sur la table au fond.
— Penses-tu que cela soit sage ? me demanda Mistral.
Je regardai toutes ces anciennes armes qui y étaient posées et qui s’étaient présentées à nous. Était-ce une bonne idée, en effet ? Je n’en étais pas aussi sûre que ça, mais je me sentais naze. J’étais fatiguée de tous ceux qui cherchaient à nous trucider. Fatiguée qu’ils présument que s’ils pouvaient me priver de mes hommes, je deviendrais un pion facilement manipulable. J’en avais plus qu’assez !
J’hésitai, la main en suspens au-dessus de l’épée Aben-dul et me mis à prier :
— Déesse, dois-je leur montrer qui je suis ? Dois-je leur montrer qu’ils devront me redouter ?
Puis j’attendis un signe, quel qu’il soit, et songeai tout d’abord qu’Elle ne me répondrait pas, lorsqu’un parfum diffus de rose se manifesta. Je sentis le tatouage sur mon bras s’animer d’un coup à la vie, et le papillon sur mon ventre frétiller. La couronne pesante de fleurs et de gui s’entrelaçait à nouveau dans mes cheveux.
J’empoignai l’épée. J’en avais peur. Peur de ce qu’elle pourrait faire brandie par ma Main de Chair, ce terrifiant pouvoir, dont je pourrais faire usage à distance avec cette lame, que personne ne pourrait me prendre sans risquer de se retrouver en proie à l’horreur même à laquelle ils cherchaient à se dérober.
L’épée à la main, je revins au miroir comme si je portais un étendard, pour m’arrêter devant Sholto.
— Connaissez-vous cette épée, Mère ? lui demandai-je en la lui présentant. Est-ce que quelqu’un voyant ce miroir la reconnaît ?
Elle sourcilla et j’aurais pu parier qu’elle n’en avait jamais entendu parler. Mère se contrefichait des pouvoirs des Unseelies. Mais quelqu’un dans sa tente la reconnaîtrait, j’en étais quasiment sûre.
Le Seigneur Hugh se présenta devant le miroir. Il nous adressa une petite courbette avant de s’approcher plus près pour regarder attentivement au travers de la glace. Puis il blêmit. Une réaction particulièrement éloquente ; il l’avait reconnue.
— Aben-dul ! dit-il, la voix étranglée. Les Sluaghs l’ont donc volée aussi !
Mais il n’en croyait rien.
Je tendis ma main libre à Sholto, qui la prit et vint se placer à côté de moi. Au moment où son bras tatoué effleura le mien, la magie fléchit, comme si l’air lui-même prenait une inspiration. Sa couronne verdoyante se tissa d’elle-même sous les yeux des Seelies en une brume de fleurs pastel, et la bague végétale à son doigt s’épanouit en blanches efflorescences. Nous leur faisions face, couronnés par la Féerie.
— Voici le Roi Sholto des Sluaghs, élu par la Féerie. Je suis la Reine Meredith des Sluaghs et je porte son enfant, son héritier ! dis-je en laissant retomber Aben-dul. Écoutez-moi bien, Mère Besaba, ainsi que tous les Seelies qui peuvent m’entendre. La magie ancestrale a commencé son retour. La Déesse se manifeste une fois encore parmi nous. Et vous pourrez évoluer grâce à Son pouvoir, ou demeurer intouchés. Faites votre choix. Mais la vérité sera nécessaire, et non plus les mensonges, les illusions. Réfléchissez bien à cela avant d’essayer de me reprendre par la force !
— Me menacerais-tu ? me lança-t-elle.
Comme cela lui ressemblait de se concentrer sur des trivialités, quoique, à la réflexion, cela pouvait représenter pour elle un gros problème.
— Je dis qu’il serait peu sage de m’obliger à me défendre avec tout le pouvoir que m’a donné la Déesse. Et j’utiliserai chaque once de ce pouvoir afin de ne pas me retrouver entre les mains de Taranis. Je ne serai pas encore sa victime. Je ne serai pas à nouveau violée, pas même par le Roi des Seelies !
Sir Hugh s’était reculé de quelques pas.
— Nous vous entendons, Princesse Meredith.
— Reine Meredith, lui précisai-je.
— Reine Meredith, répéta-t-il avec une légère courbette de la tête.
— Alors oubliez cette tentative mal ficelée et absolument inutile pour soi-disant me sauver. Retournez à votre monticule et à votre Roi bercé d’illusions, et laissez-nous en paix !
— Ses ordres sont formels, Reine Meredith. Nous devons revenir avec vous et le Calice, ou ne pas revenir du tout.
— Il vous a voués à l’exil, à moins que votre mission ne réussisse ? lui demandai-je.
— Il ne l’a pas exprimé ainsi, mais il ne nous reste que bien peu de choix.
— Vous devez me kidnapper pour me ramener à lui, sinon vous êtes virés ?
Sir Hugh écarta largement les mains.
— Plus brutal que je l’aurais moi-même formulé, quoique pas si inexact, malheureusement, pour tous ceux concernés.
La toile de la tente s’agita alors et Sir Hugh poursuivit :
— De grâce, pardonnez-moi, Reine Meredith, mais j’ai un message à vous transmettre.
Il fit à nouveau une courbette, ce qui me laissa momentanément seule face à ma mère.
— Comme tu es charmante avec cette couronne, Meredith. Je n’en ai jamais douté.
Elle en avait même l’air ravi, comme si ces propos étaient sincères.
J’aurais pu dire tant de choses en cet instant, par exemple : « Si vous étiez tellement convaincue que j’allais régner, pourquoi avez-vous laissé Taranis quasiment me battre à mort alors que je n’étais qu’une enfant ? » ; ou encore : « Si vous pensiez que je serais un jour Reine, pourquoi m’avez-vous abandonnée, refusant de me revoir à jamais ? » Mais voilà plutôt ce que je dis tout haut :
— Je savais bien que la couronne vous plairait, Mère.
Sir Hugh réapparut brièvement, avant de se courber encore plus bas.
— On m’apprend que des policiers et des soldats humains approchent. Vous avez requis leur assistance ?
— En effet.
— Si nous attaquons maintenant, la Cour Seelie pourrait être bannie de ce pays d’accueil, ce qui laisserait aux Unseelies et aux Sluaghs le contrôle des derniers vestiges de la Féerie.
Je lui fis mon sourire le plus suave.
— Vous gagneriez tout ce que la Reine Andais a cherché à obtenir durant des siècles sans que les Unseelies ou les Sluaghs n’aient à asséner un seul coup, ajouta-t-il.
— La question n’est pas d’en venir aux mains, répliquai-je.
Il m’adressa une autre révérence encore plus profonde, une vraie de vraie, si profonde d’ailleurs qu’il disparut en partie du miroir. Lorsqu’il se redressa, son visage reflétait clairement de l’admiration.
— Il semblerait que la Déesse et la Féerie n’aient pas fait un si mauvais choix en élisant leur nouvelle Reine. Vous avez gagné. Nous allons nous replier, et vous nous avez donné une raison de le faire que même le Roi Taranis ne pourra que comprendre. Il ne prendra jamais le risque que toute notre Cour soit bannie de ces rivages.
— Vous me voyez ravie que votre Roi daigne vous accueillir et comprendre que faire quoi que ce soit à part vous replier serait extrêmement regrettable.
Il m’adressa une nouvelle courbette.
— Je vous suis reconnaissant de nous avoir offert un moyen de nous dépêtrer de ce dilemme, Reine Meredith. Je n’avais pas eu vent que vous jouiez aussi finement en politique.
— Cela m’arrive parfois.
Il sourit et se plia une fois de plus, avant de dire :
— Nous allons laisser les humains vous secourir, alors.
— Nous n’allons quand même pas la laisser chez les Sluaghs ! crut bon d’intervenir ma mère, semblant horrifiée à l’idée de la destinée de sa fille.
— Changez de disque, Mère ! lui lançai-je en déconnectant la transmission.
Elle n’en continua pas moins à en débattre avec virulence avec le Seigneur Hugh, absolument convaincue par ce que lui avait raconté le Roi. De toute évidence, Sir Hugh, quant à lui, n’était pas dupe. Cependant, si je retournais chez eux pour devenir la Reine de Taranis, Besaba ne serait pas seulement considérée comme la mère de la nouvelle Reine des Seelies. Elle aurait bien plus à gagner politiquement parlant, du moins à en croire Sa Majesté.
Sholto me baisa la main, souriant.
— Quel superbe victoire, Ma Reine !
— Avoir été couronnée par la Féerie même et la réapparition des reliques majeures a été d’un grand secours, lui répondis-je, tout sourires.
— Non, Meredith, dit Doyle, c’était bien joué. Ton père serait fier de toi.
— C’est sûr, l’approuva Mistral.
Et en cet instant, avec à la main une arme que seuls mon père et moi aurions pu manier sans risques, croulant sous les bénédictions de la Féerie, savoir qu’il aurait été fier de moi avait bien plus d’importance que tout le reste. Je devine qu’on ne parvient jamais vraiment à dépasser ce besoin de faire plaisir à ses parents. Et étant donné que je n’avais jamais plu à ma mère, mon père était tout ce qu’il me restait. C’est ce qu’il avait toujours représenté pour moi. Lui, comme Mamie.
Mes parents n’étaient plus de ce monde. La femme qui s’était présentée au miroir n’était qu’une personne dont le corps m’avait éjectée. Il faut s’impliquer un peu plus pour être mère. Je priai pour être moi-même une bonne mère et pour que nous restions tous hors de danger. Une pluie de pétales de rose immaculés se mit à tomber de nulle part en une averse de neige parfumée. J’en déduisis que c’était une réponse suffisante. La Déesse était à mes côtés et m’épaulerait. Je n’aurais pu trouver mieux pour m’aider. Et comme le disent les chrétiens : « Si Dieu est avec moi, qui peut être contre moi ? » La réponse étant malheureusement, en ce qui me concernait : « Presque tout le monde. »